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L’Europe se mobilise dans la lutte contre les risques psychosociaux dans le secteur public
- https://www.unsa-fp.org/781
lundi 26 septembre 2016 - ◷ 4 min
Dans le cadre du programme de travail du comité de dialogue social sectoriel dans les administrations centrales (SDC CGA), le premier séminaire du projet financé par la commission européenne "Bien-être et santé et sécurité au travail dans les administrations centrales" s’est attaché au contexte de la numérisation et de la santé et la sécurité au travail, deux thèmes rarement reliés entre eux.
L’UNSA fonction publique, membre d’EPSU (fédération syndicale européenne des services publics) a ainsi participé, les 21-22 septembre derniers, à ce premier séminaire « Santé, Sécurité au Travail » qui s’est tenu à Vilnius avec la participation des employeurs et des syndicats des pays membres.
L’objectif est améliorer tant l’accès que la qualité de l’administration, de recueillir les bonnes pratiques et de garantir de bonnes conditions de travail dans un milieu sécurisé. La qualité du travail étant intrinsèquement liée au bien-être au travail. Le niveau européen doit servir d’exemple pour le niveau national.
Le projet vise une meilleure approche et prévention des risques psychosociaux (stress, épuisement, articulation travail/vie privée, violences des tiers...) dans les administrations nationales qui sont dans le champ du comité. Une étude de fond est menée pour comparer les législations et examiner les procédures d’évaluation des RPS et la façon dont ceux qui sont impliqués sur le lieu de travail (management, acteurs de la prévention, représentants syndicaux, médecins de prévention etc) interagissent.
Les questions de santé et de sécurité sont souvent occultées dans les processus de suppressions d’emplois et de restructuration. Pourtant, en 1998, une directive cadre a été adoptée pour obliger les employeurs à assurer la santé et sécurité au travail et à évaluer les risques professionnels.
La directive 89/391 EEC s’applique à tous les secteurs et couvre les risques psycho-sociaux.
L’employeur doit ainsi tenir compte de tous les risques et de la sécurité au travail. Il est tenu de déployer les moyens nécessaires et d’engager les adaptations indispensables.
Aujourd’hui, le secteur public est confronté à des défis majeurs dont la numérisation et le vieillissement des employés. Les risques psychosociaux s’accroissent et les employeurs ont du mal à les prendre en compte. Force est de constater que tous les Etats ne sont pas au même niveau de protection des agents.
Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés : la satisfaction au travail, l’intensité du travail, l’autonomie, le temps de travail et la conciliation vie privée/vie professionnelle, l’organisation du travail, les relations professionnelles, l’implication émotionnelle. Toutes ces dimensions ont des liens avec des problèmes de santé.
Avec la mise en place des nouvelles technologies, de plus en plus de personnes sont en difficulté. Les agents sans formation se plaignent des mauvaises conditions de travail. Le fait de ne pas avoir les moyens de remplir ses objectifs crée de la souffrance au travail. Près de la moitié des personnes interrogées disent qu’elles ne pourront plus faire le même travail après 60 ans.
Les nouvelles technologies engendrent la restructuration du travail, il devient plus monotone ou répétitif, il nécessite un plus grand besoin de formation, il laisse paradoxalement moins d’autonomie (l’agent étant contrôlé par les technologies), la frontière entre le travail et la vie privée devient floue, l’envahissement par la technologie produit des comportements antisociaux et de l’insécurité du travail (perte d’emploi, carrières compromises…).
Les nouvelles technologies peuvent toutefois apporter des avantages, comme par exemple le télétravail, s’il est bien encadré. Il est donc nécessaire d’apporter au plus vite des régulations afin d’assurer un équilibre. De ce point de vue, la discussion sur le temps de travail n’est pas un sujet anodin. Une étude d’Eurofound montre qu’en moyenne, le temps de travail a décru ces dix dernières années, cela est dû principalement à la progression du temps partiel subi (en particulier par les femmes). La flexibilité s’accroît donc au détriment de la santé et du bien-être des agents. De nombreuses infractions à la législation ont été repérées, par exemple, en Slovénie, 25 % des personnes enquêtées disent que leur temps de repos n’était pas égal à 11 h entre deux jours de travail au moins une fois par mois. Un quart des employés ne se reposent pas suffisamment, ce qui affecte la santé mais aussi la productivité.
La crise financière a gravement affecté le secteur public et même la Commission Européenne a mis en place un plan d’action sur le e.government jusqu’en 2020, mais tout ne peut se faire en ligne. L’ouverture et l’interconnexion des administrations ont des conséquences importantes.
Ont ainsi été notamment abordées les questions des personnes en situation de handicap, de celles qui n’utilisent pas internet, les pertes d’emplois liées à la numérisation, la confiance des utilisateurs face à ces nouveaux services, la fiabilité des données, la protection de la vie privée.
Un second séminaire, axé sur les violences faites aux agents, se tiendra au mois de novembre.