Les services publics sont un investissement structurel indispensable face aux crises

Les services publics sont un investissement structurel indispensable face aux crises

Dans un contexte socio-économique difficile, il est indispensable de maintenir un niveau d’engagement fort en faveur des services publics, estime dans une tribune au « Monde » Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA Fonction Publique.


La mondialisation et l’exploitation sans limites de ressources épuisables, l’injuste répartition des richesses et ses effets sur le climat nous exposent à des crises majeures : sanitaires, sociales, environnementales, économiques et géopolitiques. La prise de conscience est d’autant plus brutale qu’elle est tardive.


L’inaction de ces dernières décennies a considérablement réduit les marges de manœuvre d’une transition écologique socialement soutenable.


Il est donc urgent d’agir avec des moyens d’action fondateurs pour une société plus solidaire, plus écologique, plus citoyenne. Dans le panel des évolutions structurelles et structurantes à accomplir face à ces nombreux défis, la France peut se prévaloir de ses services publics et de son niveau de protection sociale.


L’UNSA plaide pour un réinvestissement significatif dans les services publics et la fonction publique, bien commun, ciment de notre modèle et porteur d’avenir pour notre pays et nos enfants.


Les services publics assurent des activités d’intérêt général et leur existence comme leur fonctionnement résultent de contributions socialisées. Ils participent à réduire les écarts entre les citoyens. Les règles qui leur sont propres constituent un rempart contre les conflits d’intérêts et renforcent la cohésion sociale. Cette spécificité doit perdurer et s’amplifier car, plus les incertitudes sont grandes, plus la confiance des citoyens dans les services publics doit être un point d’appui pour affronter les crises.


La sobriété énergétique est un premier pas


Face aux périls, les principes de continuité, d’égalité et de mutabilité des services publics sont de réels atouts. La crise sanitaire en est une parfaite illustration, la lutte contre les incendies également. Ce contexte implique de réactiver les fondements mêmes des services publics : la satisfaction des besoins des citoyens, de revoir leurs contours et leurs objectifs.


Gestion de l’eau, énergie, transports, information, formation, éducation, sécurité, justice, aide à la personne, santé, culture, sport, petite enfance, dépendance..., nécessitent d’importants investissements. Les services publics et les infrastructures participent aussi au développement et à la protection des activités du secteur privé.


Pour faire face au dérèglement climatique, les employeurs publics doivent donner l’exemple. La mise en œuvre concrète d’une sobriété énergétique impose des économies et l’adhésion des agents, mais surtout des investissements importants dès à présent et sur une longue période. Un plan massif pour isoler et transformer les bâtiments publics, pour substituer à une gestion au jour le jour une vision structurante à moyen et long terme est urgent.


La mise en valeur des agents publics est une nécessité


Les collectivités territoriales et les établissements de santé devraient être associés à cette planification, mais également accompagnés dans sa mise en œuvre. Ce plan permettrait la mise en place d’une véritable filière économique durable sur l’ensemble des territoires pour assurer la diversité de méthodes de construction dont nous aurons besoin demain pour nous adapter.


Cependant, la sobriété énergétique n’est qu’un des aspects des évolutions à accomplir pour parvenir à une transition écologique soutenable. Les 5,5 millions d’agents publics doivent acquérir une culture du risque et être mieux préparés à accompagner les populations. Pour que les missions fondamentales comme l’éducation, la sécurité et la santé puissent perdurer, les effectifs doivent être suffisants et qualifiés.


Or, la fonction publique peine à recruter. La valeur réelle des salaires a fortement décru. Les conditions de travail se sont détériorées en raison de l’obligation de s’adapter aux contraintes budgétaires et à des réorganisations pas toujours pertinentes. Avec la perte accentuée de pouvoir d’achat, liée notamment à la forte inflation et au gel durable des salaires, le déficit d’attractivité s’amplifie.

 

L’amélioration des rémunérations, une de nos priorités


La déconsidération de la fonction publique, souvent réduite à un seul coût budgétaire, la perception du déclassement subi par les agents, pèsent lourdement. Les personnels, attachés à servir l’intérêt général, ont un sentiment de forte utilité sociale, mais demandent à juste titre plus de respect et de reconnaissance. Pour conférer plus d’attrait à la fonction publique et conserver les compétences précieuses essentielles pour servir efficacement la population, l’utilité sociale et la qualité des services publics devraient être davantage mises en valeur.

 

L’amélioration des rémunérations est une de nos priorités. La hausse de 3,5 % de la valeur du point d’indice octroyée par le gouvernement au 1er juillet dernier ne compense pas l’inflation annuelle alors que le pouvoir d’achat dévisse. La formation continue doit désormais permettre l’acquisition de nouvelles compétences, l’adaptation à de nouveaux outils, à la transformation du travail. Tous les agents doivent avoir un réel accès à la formation tout au long de leur vie professionnelle.

 

Dans une perspective de maintien dans l’activité, la formation des séniors doit être repensée. L’attractivité de la fonction publique passe par la possibilité de « vivre bien » son travail et au travail. La place du dialogue social doit redevenir centrale.

 

Tout investissement nécessite des ressources, la révision de la fiscalité ne peut être constamment éludée. Le choix de diminuer de 80 milliards les ressources fiscales sans contrepartie pourrait être revu dans le sens d’une contribution plus équitable au bien commun.

 

Par Luc Farré

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