Attractivité territoriale de la fonction publique d'Etat : encore très flou
Certains territoires sont moins attractifs que d'autres pour les agents de la fonction publique en termes de recrutement ou de mobilité. La Ministre de la transformation et de la fonction publiques, avec la DGAFP, a réuni un premier groupe de travail sur cette thématique. Pour l'UNSA, un bilan est indispensable.
L'essentiel
- Un chantier est engagé par le gouvernement en vue de renforcer l’attractivité des territoires, c’est-à-dire la capacité inégale des territoires à attirer et à retenir les agents tant du point de vue des recrutements que des mobilités.
- Trois axes sont proposés :
- Connaître l’attractivité des territoires ;
- Agir pour corriger les déséquilibres territoriaux de l’emploi public ;
- Renforcer la gouvernance territoriale sur l’attractivité de la fonction publique.
Connaître l'attractivité des territoires
- Une mission inter-Inspections générales doit rendre un rapport en septembre 2021 permettant de déterminer les indicateurs relatifs au degré d’attractivité des territoires, d'évaluer l’efficacité des dispositifs statutaires et indemnitaires existants (primes, logement, action sociale…) et de proposer des préconisations d’évolution de ces dispositifs ou de nouvelles solutions. Une étude de l'OCDE permettra de compléter les résultats de cette mission.
- Une première cartographie permet de distinguer la situation de l'Ile de France, avec une spécificité de la Seine-Saint-Denis, les territoires ruraux du centre, du nord et de l'Est ainsi que certains départements des Alpes.
Agir pour corriger les déséquilibres territoriaux de l’emploi public
Deux objectifs sont affichés :
- Attirer les agents publics vers les territoires moins attractifs par l'accompagnement des conjoints, la facilité d'accès à des logements sociaux ou une approche plus ouverte du télétravail. La priorité d'affectation pour des agents ayant occupé des postes peu attractifs est envisagée.
- Développer la mobilité au sein des territoires et ouvrir les emplois à de nouveaux publics. Pour la DGAFP, cela passe par une mobilité accrue au sein d'un territoire entre ministères ou versants de la Fonction publique, notamment en matière d'emplois fonctionnels ou l'identification de passerelles public-privé. Elle souhaite encourager le recrutement par concours nationaux à affectation locale, encore peu répandu.
Renforcer la gouvernance territoriale sur l’attractivité de la fonction publique
- Des marges de manœuvre vont être données aux préfets en matière de déconcentration de recrutements d'agents contractuels ou de détachements de fonctionnaires.
- Les plate-formes régionales des ressources humaines (PFRH) seront sollicitées en matière de construction de parcours de mobilités des agents, à travers des partenariats inter-versants de la Fonction publique et public-privé.
L'avis de l'UNSA Fonction publique
- L'attractivité territoriale n'est pas une problématique nouvelle. Des mesures ponctuelles ont déjà été apportées comme la prime de fidélisation de 10 000 € en Seine-Saint-Denis ou la mise en place de concours nationaux à affectation locale. L'UNSA Fonction publique considère que l'évaluation de ces dispositifs doit être menée avant d'envisager des nouvelles mesures.
- L'attractivité des territoires est une problématique pour toute la fonction publique et pour les trois versants.
- Un état des lieux cartographique le plus précis possible est nécessaire. La réalité peut être différente d'un ministère à l'autre ou entre versants de la fonction publique. Le rapport de la mission des Inspections générales est pour l'UNSA Fonction publique le premier élément sur lequel il faut s'appuyer.
- Les attentes en terme d'attractivité ou de mobilité ne sont pas les mêmes suivant les catégories d'agents ou leur avancement dans leur carrière. Être au plus près des attentes des agents en matière de parcours de carrière, de conditions de travail ou d'organisation de celui-ci nécessite une écoute fine de la part des services RH. Pour l'UNSA Fonction Publique, un renforcement de ces services est nécessaire, y compris au sein des PFRH.
- Améliorer les possibilités de logement est une piste, mais l'accès au logement social ne peut pas être une unique solution. L'UNSA Fonction publique souhaite que l'offre de logements intermédiaires soit également développée, rendant certains territoires plus attractifs aux agents publics.
- La situation des DROM pourrait être examinée dans un temps différent, avec le ministère en charge de l'Outre-mer.
Enfin l'UNSA Fonction Publique demande une analyse fine de l'efficience de "Place de l'emploi public".
Pour l'UNSA Fonction publique, mettre la charrue avant les bœufs n'est pas une réponse adaptée. Améliorer l'attractivité des territoires nécessite une approche au plus près des agents, dans le respect de leurs besoins et de leur avis.